Comment faire boire une patiente qui n’a pas soif?
Quand nous nous regardons quelqu’un faire quelque chose par exemple boire, dans notre cerveau les neurones qui servent à faire le geste de boire « s’allument » sans que nous n’ayons rien à faire.
C’est ce qu’on
appelle les neurones miroirs.
C’est ainsi que l’on peut apprendre en
regardant quelqu’un faire.
C’est ainsi qu’on éprouve du plaisir au
cinéma ou au théâtre.
Le bon comédien qui éprouve une émotion et qui ne
se contente pas de réciter son texte nous fait éprouver la même émotion,
nous fait vivre quelque chose à l’intérieur de nous.
Chez les enfants
ces neurones sont très actifs et ils restent réactifs chez les patients
Alzheimer même à un stade très avancé de la maladie.
Si une personne dit qu’elle n’a pas soif et refuse la boisson qu’on
lui présente, il est inutile de la raisonner : » Il fait chaud, il
faut boire sinon tu vas te déshydrater ». Inutile et contre productif.
Elle risque de se sentir forcée, de ne pas apprécier que quelqu’un
d’autre lui dicte sa conduite et de s’entêter à refuser de boire.
Si
elle voit une personne boire devant elle avec plaisir et qu’il y a une
boisson qu’elle peut facilement prendre, au bout d’un nomment elle va se
mettre à boire.
Il suffit alors de renouveler la boisson sans
commentaire inutile: « Ah! tu vois bien que tu avais soif. »
Une dame qui attend l’autobus dans une chambre d’Hôpital
Une infirmière entre dans la chambre d’une patiente pour l’aider à
se coucher.
La dame est assise par terre: Que faites vous là, assise?
- J’attends l’autobus pour aller chez ma sœur…
Comme souvent on sait que les personnes sont malades et on continue à
leur parler comme si elles ne l’étaient pas.
L’infirmière dit: « Il n’y
a pas d’autobus! Il faut vous coucher c’est l’heure! »
Le résultat ne
se fait pas attendre la dame proteste.
Si cette personne n’avait pas la
maladie d’Alzheimer elle n’aurait pas l’idée de s’asseoir dans sa
chambre pour attendre l’autobus.
Comment en est elle arrivée là?
Elle a réfléchi : « je ne me sens
pas bien ici, si j’allais chez ma sœur je serai bien mieux. Pour aller
chez elle il faut prendre l’autobus.
Je ne sais pas où il est et les
portes sont fermées.
Le seul endroit où je peux l’attendre c’est ici. »
Si on comprend la situation qui peut se résumer à une équation très
simple: Cette patiente ne sent pas bien.
Comment lui rendre son
sentiment de sécurité? C’est la seule question.
Sa sœur est peut être
morte ou habite très loin.
Ça n’a aucune importance.
Il faut garder le
contact avec la malade et ne pas dénigrer la solution qu’elle a trouvée.
Donc: » Oui, c’est une bonne idée! »
On peut lui dire: » Je vais regarder les horaires: Oh! le dernier autobus est déjà passé il faudra attendre demain… »
Ou encore: « Je vais m’asseoir avec vous pour attendre.
Oh! c’est
froid par terre!
On pourrait s’asseoir là (sur le lit) ce serait plus
confortable.
Une tasse de chocolat cela vous ferait plaisir?
Je vais
vous la chercher. »
Ou encore: « Parlez moi de votre sœur elle vous aime beaucoup? Vous la voyez souvent? »
Ou encore: n’importe quoi qui permette un dialogue qui amènera la
patiente à s’endormir apaisée.
Et l’on voit qu’il faut se laisser aller à
sa créativité naturelle. Il n’y a pas de réponse toute faite.
A domicile une patiente s’accroche de toute ses forces à son aide-soignante
La patiente a du mal à marcher et elle n’a pas beaucoup d’équilibre.
En allant aux toilettes elle s’accroche si fort à son aide soignante
qu’elle lui fait mal à l’épaule.
Encore une fois ne pas essayer de raisonner: « Voici votre canne.
Donnez moi l’autre bras comme cela vous n’aller pas tomber » .
C’est
beaucoup plus efficace de lui faire un compliment: « Vous avez une
nouvelle robe.
Elle vous va bien! »
La robe n’est pas nouvelle mais la dame se redresse, retrouve son
équilibre, lâche l’aide soignante et s’appuie sur sa canne pour revenir
seule jusqu’à son fauteuil. Elle sourit, elle se sent belle.
Elle était
de mauvaise humeur, elle pensait : » Ah! la la! je ne tiens même plus
debout ».
Et maintenant elle se dit: « Je ne me souvenais plus que
j’avais une nouvelle robe. Elle est belle cette robe! »
Détourner l’attention et en profiter pour dire n’importe quoi qui
ramènera un sourire et apportera de la bonne humeur, c’est une manière
simple de nouer des relations avec des personnes fragilisées par leur
état de santé.
Dans ce processus il faut se rappeler le rôle de neurones
miroirs et la sensibilité des personnes à la manière dont on les
considère.
La sincérité et la bienveillance sont indispensables dans la
relation.
L’infirmière ou l’aide soignante se sentiront bien et
heureuses d’avoir réussi à établir une relation avec un personne
fragile.
Poursuivre la lecture sur: Bien vivre avec Alzheimer