Depuis 2004, un Nancéien était traité par erreur pour la maladie d'Alzheimer.
Ce n'est que dix ans plus tard que les neurologues sont revenus sur leur diagnostic. Comment les médecins ont-ils pu se tromper ?
Aussi surprenantes soit-elles, les erreurs de diagnostic de la maladie d'Alzheimer ne sont pas si rares…
Après plus de dix ans de traitements au CHU de Nancy pour des symptômes apparentés à la maladie d'Alzheimer, un homme de 50 ans a finalement découvert, après avoir changé de neurologue, qu'il s'agissait d'une erreur de diagnostic.
Selon son avocat, ses troubles étaient probablement des séquelles d'un ancien traumatisme crânien...
De façon étonnante, ces erreurs sont relativement fréquentes : "une étude effectuée aux Etats-Unis par des experts mondiaux de la maladie a révélé que 36% des patients traités pour Alzheimer n'en souffrait finalement pas !" nous explique le professeur Bruno Dubois, neurologue et directeur de centre de la mémoire de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
"Jusqu'à très récemment, beaucoup de démences étaient confondues avec la maladie d'Alzheimer", ajoute le Pr Dubois.
En effet, les symptômes cliniques de ces maladies (troubles cognitifs, perte de mémoire, désorientation, apathie...) sont très proches.
"Avec seulement un examen clinique, on ne peut pas être sûr à 100%", précise t-il.
Si les diagnostics précoces sont de plus en plus fiables, leur intérêt reste vivement débattu. En effet, "il n'est pas démontré qu'un traitement puisse ralentir la progression de la maladie lorsque celle-ci est au stade prodromique (période des premiers symptômes)", nous rappelait fin 2013Serge Bakchine, chef du service neurologie au CHU de Reims.
Des diagnostics de plus en plus sûrs, grâce aux biomarqueurs
A partir de 2007, de nouvelles méthodes ont été établies pour affiner au mieux ce diagnostic et écarter le maximum d'erreurs possible.
Si le patient doit toujours montrer un état clinique "très spécifique" (symptômes évocateurs de la maladie), ce premier diagnostic doit désormais "être confirmé par une anomalie des biomarqueurs du liquide céphalorachidien", explique le Pr Dubois, l'un des premiers à avoir mis au point ce protocole, avec son équipe de recherche. Lorsqu'une personne est atteinte de la maladie d'Alzheimer, le liquide dans lequel baigne son cerveau possède une concentration anormale de protéine Tau et bêta-amyloïdes.
"C'est seulement en associant les signes cliniques et cette signature biologique de la maladie d'Alzheimer que le diagnostic peut être garanti", ajoute-t-il.
A partir de la découverte des biomarqueurs, cette technique a été systématisée. Mais ce n'était pas encore le cas en 2004, lors du diagnostic du patient lorrain… "Finalement, avant cette technique, on ne pouvait jamais être sûr ou alors il fallait examiner le cerveau après la mort du patient", conclut le neurologue.
Des effets secondaires liés aux traitements ?
Ces traitements, administrés pour la maladie d'Alzheimer, ne traitent que les symptômes et non les lésions cérébrales.
"Ce sont les mêmes qui sont prescrits pour d'autres maladies comme la démence", ajoute le Pr Dubois, et qui peuvent provoquer des effets secondaires.
Si certains spécialistes vantent leurs bénéfices sur la vie quotidienne du malade, l'efficacité et l'innocuité de ces traitements sont controversées au sein de la communauté scientifique.
En 2011, la Haute Autorité de Santé (HAS) avait décrété qu'ils n'apportaient qu'un "faible" bénéfice pour les patients.
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