Aujourd'hui, la maladie d'Alzheimer a toujours des années d'avance sur les médecins.
Quand ils sont capables d'établir un diagnostic, les dégâts dans le cerveau sont déjà très importants.
Des chercheurs tentent donc de décrypter l'origine de ces processus.
Des travaux importants pour arriver "plus tôt" et pour trouver de nouvelles pistes de traitement. Un espoir qui pourrait bien naître dans les yeux de mouches très particulières.
Explications.
Les mouches drosophiles ou plus précisément leurs yeux pourraient permettre de comprendre enfin le développement de la maladie d'Alzheimer.
Elles sont au cœur d'un programme de recherche génétique sur cette pathologie dont le diagnostic arrive aujourd'hui trop tard lorsque le cerveau est déjà très atteint.
"L'idée, c'est de remonter aux origines de la maladie, en allant directement analyser au travers du génome des patients quels peuvent être les éléments qui font que certaines personnes vont développer plus facilement que d'autres une maladie d'Alzheimer.
Et lorsque l'on connaîtra ces mécanismes initiaux, lorsqu'on comprendra comment cela fonctionne, à partir de ce moment-là on pourra trouver de nouveaux médicaments, trouver de nouvelles prises en charge", explique le Pr Philippe Amouyel, du laboratoire de recherche sur la maladie d'Alzheimer.
Pour y parvenir, des patients de treize pays ont accepté de donner leur sang pour constituer une banque d'ADN unique en Europe.
Elle a permis de réaliser la plus importante comparaison entre ces prélèvements et de l'ADN de personnes qui n'ont pas développé la maladie d'Alzheimer.
"Nous avons l'opportunité d'étudier le génome de plus de 74.000 personnes. Et sur ces 74.000 personnes, environ 30.000 étaient atteintes de maladie d'Alzheimer", souligne le Dr Jean-Charles Lambert, directeur de recherche à l'Inserm.
En tout, 150 gènes suspects ont ainsi été identifiés par l'équipe mais encore faut-il prouver leur culpabilité.
Et c'est à cette étape de l'enquête qu'interviennent les dizaines de milliers de mouches drosophiles du laboratoire.
"La mouche est un outil formidable au niveau génétique", confie le Dr Pierre Dourlen, neurobiologiste, "car on est capable d'enlever n'importe quel gène, là où on veut, quand on veut et de les tester un à un et voir si ces gènes aggravent ou réduisent le processus pathologique qui est impliqué dans la maladie d'Alzheimer".
Et pour tester les gènes, ces mouches ont une autre caractéristique extrêmement précieuse.
Il n'est pas nécessaire de faire des IRM de leur cerveau pour évaluer la maladie, elle peut apparaître au niveau de leurs yeux comme l'affirme le Dr Dourlen : "Si on mime la maladie dans ces mouches, on obtient un œil très abîmé, on perd complètement la structure de l'œil.
Et si dans ce contexte, on enlève un des gènes qui nous intéresse, on est capable d'obtenir des yeux de plus grande taille ce qui indique que ce gène aggrave la pathologie ».
Puisqu'en son absence la maladie est moins avancée, ce gène est bien responsable de son accélération.
Mais il reste encore à comprendre comment : "Pour le savoir, on travaille sur le neurone puisque ce sont les principales cellules qui sont touchées lors du développement de la maladie.
Si on est capable de comprendre les mécanismes toxiques, on va pouvoir être capable de développer des molécules qui permettront de contrer cette toxicité et de finalement corriger les mécanismes mis en place et qui vont conduire à la mort neuronale", explique le Dr Jean-Charles Lambert.
Ces molécules pourront être testées systématiquement in vitro avec des robots.
Puis sur les précieuses mouches drosophiles avant de passer aux mammifères et enfin aux essais cliniques chez l'homme dans plusieurs années.
À consulter sur le site Allo-Docteur
À consulter aussi sur le site : S@Successful Aging