Perdre son chromosome Y prédispose-t-il à la maladie d'Alzheimer ?
Une étude internationale présentée aujourd’hui à la conférence annuelle de la Société européenne de génétique humaine à Barcelone, met en lumière qu’une majorité des 17 % des hommes suivis qui ont perdu leur chromosome Y au cours de leur vie sont atteints de la maladie d’Alzheimer.
Les hommes sont susceptibles de "perdre" leur chromosome sexuel Y dans certaines cellules de leur corps.
Pas de manière instantanée mais progressivement au cours de la vie.
Lorsque l’ADN est copié pour fabriquer une nouvelle cellule grâce à une division, des erreurs peuvent avoir lieu et engendrer la suppression de petits morceaux du chromosome jusqu’à parfois causer sa disparition complète.
Les 3218 hommes âgés de 37 à 96 ans inclus dans une étude internationale sont près de 17 % à ne présenter aucune trace de chromosome Y dans certaines de leurs cellules sanguines.
Les chercheurs ont noté qu’une majorité de ces derniers étaient atteints de la maladie d’Alzheimer.
De plus, cette pathologie, absente au départ, s’est déclenchée au cours de l'étude chez un certain nombres d’hommes présentant une absence de chromosome Y.
"Ces deux observations ont été mises en lien mais il n’y a pas de relation de cause à effet démontrée", explique Jean-Charles Lambert, directeur de recherche à l’Inserm de Lille ayant participé à l’étude.
En d’autres termes, pour l’instant, la perte du chromosome Y n’est pas un outil diagnostique ou prédictif de la maladie d’Alzheimer.
"C’est ce qu’on appelle un risque observationnel, on constate simplement que certains malades d’Alzheimer présentent cette disparition du chromosome Y, explique-t-il, Il faudrait valider les résultats en réétudiant d’autres populations de malades atteints d’Alzheimer."
Perte du chromosome Y et vieillissement
De plus, selon plusieurs recherches antérieures, la perte du chromosome Y touche jusqu’à 20% des hommes de plus de 80 ans.
Il s’agit de la mutation génétique la plus fréquente chez les hommes vieillissants. Une question se pose donc : cette disparition progressive du chromosome Y serait-elle simplement un marqueur du vieillissement ou alors un marqueur de la survenue de certains maladies comme les cancers et la maladie d’Alzheimer?
"On ne peut pas y répondre, analyse Jean-Charles Lambert, la seule chose que l’on peut dire c’est que le chromosome Y est plus révélateur que les autres de l’instabilité chromosomique au cours du vieillissement".
Une espérance de vie plus courte à cause du chromosome Y
Une autre des hypothèses des chercheurs est que la perte de ce chromosome Y pourrait expliquer l’espérance de vie plus courte chez les hommes.
En effet, les femmes sont, par définition, dépourvues de chromosome Y et ont une espérance de vie plus longue.
Cette piste est à explorer pour élucider une part de cette différence.
"Mais il ne faut pas oublier que d’autres raisons non génétiques sont déjà connues. D’une part, les femmes secrètent des œstrogènes connus pour être protecteurs du système cardio-vasculaire.
D’autre part, elles ont tendance à avoir une alimentation et une hygiène de vie plus saines que les hommes", rappelle Jean-Charles Lambert.
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