Le journal de l'association américaine Alzheimer expose les principaux critères diagnostiques aux trois stades de la maladie.
Une femme âgée de 85 ans se trompe souvent de date, parfois de noms, répète régulièrement les mêmes phrases. Sa fille, médecin, suspecte un début d'Alzheimer. Faut-il consulter ? Faire des tests ? Attendre un diagnostic médical précis ? Les personnes âgées souffrant de troubles de la mémoire en France sont loin encore de toutes faire l'objet d'un diagnostic précis pour établir ou non le début d'une maladie d'Alzheimer.
L'Institut national du vieillissement aux États-Unis vient d'annoncer la semaine dernière, pour la première fois depuis vingt-sept ans, de nouvelles recommandations pour établir le diagnostic de la maladie d'Alzheimer, la forme de démence la plus répandue chez les personnes âgées. Ces recommandations sont basées sur quatre articles à paraître au mois de mai dans la revue américaine Alzheimer's & Dementia qui énonce les critères permettant d'affirmer la présence de la maladie.
En France, cette affection concerne 800.000 personnes environ, la majorité d'entre elles n'ayant d'ailleurs pas bénéficié d'un diagnostic en bonne et due forme. Pourquoi ces nouvelles recommandations ? «La recherche sur Alzheimer a beaucoup évolué au cours des vingt-cinq dernières années. Il faut ajuster les critères du diagnostic pour tenir compte de ces avancées. Cela est nécessaire pour encourager et accélérer la recherche qui va bénéficier aux patients», explique dans un communiqué le Dr Richard Hodes, directeur de l'Institut national du vieillissement rattaché aux Instituts nationaux de la santé (NIH)
Cette mise à jour reflète «un changement majeur dans la manière dont la médecine voit et étudie cette maladie», relèvent le NIH et l'Alzheimer Association, qui ont dirigé ce projet. En l'absence de traitement efficace, à quoi bon porter un diagnostic précis de cette maladie ? D'une part, les médecins répondent qu'une prise en charge non médicamenteuse (stimulation, soutien, anticipation d'une organisation future du mode de vie) est toujours possible. Surtout, ces recommandations classent la maladie en trois stades différents, précliniques (sans symptômes), déficit cognitif modéré (troubles de la mémoire limités) et enfin démence (stade ultime de la maladie). Tout leur intérêt est de définir les outils permettant de détecter les formes précoces de manière harmonisée dans l'objectif de mener des essais thérapeutiques à large échelle, sur des groupes importants et homogènes de patients répondant aux mêmes critères diagnostiques.
Ces recommandations seront utiles au diagnostic des patients, en vue d'une mise en route thérapeutique, lorsque des médicaments efficaces seront disponibles… Mais on n'en est pas encore là.
Les nouvelles directives couvrent toutes les étapes de cette pathologie qui évolue très progressivement sur plusieurs années. Elle peut en effet provoquer des changements dans le cerveau une décennie, voire plus, avant qu'elle ne devienne évidente.
Les recommandations retiennent trois phases.
La première dite «préclinique», avant que les symptômes de la maladie apparaissent nettement, est celle où des changements dans le cerveau apparaissent et notamment un début d'accumulation de plaques séniles composées d'une forme de protéine capable d'entraîner la mort des neurones. A ce stade, des anomalies biologiques dans le liquide céphalo-rachidien (obtenu par ponction lombaire) et des atteintes anatomique détectables par l'imagerie cérébrale (IRM, PET-scan) sont déjà perceptibles. Cependant, beaucoup d'incertitudes existent sur la signification à long terme de ces signes.
La seconde phase correspond à l'apparition des premiers signes (déficit cognitif modéré), par exemple des pertes de mémoire notables mais sans retentissement sur l'indépendance de l'individu concerné. «Les personnes présentant ces symptômes ne vont pas forcément connaître une évolution vers la maladie d'Alzheimer», soulignent les auteurs de ces directives
Démence
La troisième et dernière phase est celle de la démence telle qu'elle est déjà décrite par la médecine, avec perte de mémoire, perte des apprentissages, confusion, désorientation temporo-spatiale, dépendance…
Les chercheurs utilisent de plus en plus des biomarqueurs (évalués dans le sang ou le liquide céphalo-rachidien) aux premiers stades de la maladie, dans leur recherche pour traquer l'évolution du mal. Ils ne peuvent pas encore être utilisés en routine, notamment en raison de leur niveau insuffisant de validation.
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