Visite de l’exposition Proweller au Centre d’Art Contemporain d’Eysines
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Ce samedi là …
En visite expo, nous retrouvons le château Lescombes, le temps «détraqué» n'a pas découragé les nombreux mariages et les photos réalisées aux pieds des massifs floraux du parc, habituellement en pleine explosion de couleurs luxuriantes… tristounets cette saison!
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Un petit bonjour à Michel Pécher, responsable du centre et scénographe, qui nous conte l'artiste:
Emanuel Proweller (1918-1981) est un peintre français d'origine polonaise.
Né à Lwow en Pologne. Il obtint un diplôme d'architecture. Dans son pays natal, il expose avec d'autres peintres et prend également part à des salons.
Il est l'un des précurseurs de la Figuration Narrative et certains voient dans sa peinture des similitudes avec le Pop Art en Amérique.
A l'âge de trente ans, Emanuel Proweller vient s'installer à Paris dès 1948 qui est selon lui la "capitale de la peinture". Il est considéré comme un précurseur de la Nouvelle Figuration.
Il se pose comme à contre courant des tendances artistiques de son époque. Le Poète Jacques Donguy vit en lui un grand peintre. Sa peinture se caractérise par une abstraction géométrique, la figuration et la plénitude. Certains lui ont également reproché que sa figuration n'était pas suffisamment figurative. On dit aussi de lui qu'il s'inspira de Duchamp. Il peint à l'huile puis utilise le vinyle pour ses dernières œuvres.
Dans ses œuvres, un chien peut être représenté en bleu, des femmes en jaune, orange et mauve. Sa créativité s'exprime aussi dans ses couleurs. À partir de 1953, il introduit dans ses œuvres des figures humaines, comme s'il s'agissait d'une forme géométrique. Ses œuvres se caractérisent également par une épure intemporelle.
"Proweller est un Florentin de notre temps. Il construit un espace aussi bouleversant et aussi nécessaire que celui d'Uccello. Il est fou de cette puissance que Berenson nommait les valeurs tactiles et qui fait qu'un corps, un geste, un visage, transmettent à nos muscles et à nos nerfs leur vitalité. Fou aussi de ces cadrages violents qui, comme chez les grands Florentins encore, clouent le regard à la masse démesurée qu'on lui présente". Jean Blot
Proweller a toujours affirmé que "l'acte de peindre ne consiste pas à s'exprimer, mais à comparer sa subjectivité à un élément objectif et valable: le sujet". Lors de ses premiers vernissages parisiens... ce "sujet" était abstrait à savoir de l'ordre du signe: cercles et carrés, formes géométriques pures.
Pourtant très vite le sentiment légitime "d'avoir le droit de raconter une histoire" le ramena à une figuration simplifiée. Elle laissait pressentir une forme de nouvelle vision bien en avant l'émergence de la néo-figuration et d'un postmodernisme dont le créateur est désormais considéré comme un précurseur.
Tout paraît simple et évident dans l'œuvre. Mais de fait cette ascèse heureuse reste le fruit de l'engagement vital d'un rescapé. Il ne cessa, hors coteries, de prendre des risques, de se retrouver parfois dans une solitude qu'il ne cherchait pas. Ce fut le prix à payer pour une démarche libre et anticonformisme. Celle d'un peintre qui voulut croire en l'espérance en dépit d'un sentiment tragique de la vie. Proweller suivit toujours ses exigences intérieures afin de comprendre les rapports que l'art ne cesse de tricoter avec le monde.
Un tel artiste reste un des rares qui estime possible , par son travail, une peinture qui se préoccupe de sa forme et de sa mise en oeuvre. Et pour lui cette préoccupation rejoint celle de nos propres positions dans une réalité ". C'est pourquoi jusqu'au bout Proweller reste persuadé que la peinture est une histoire de formes inassumables qu'il faut pourtant assumer. C'est bien pourquoi cherchant toujours à se demander si elle est légitime il a toujours cherché à y répondre de manière aussi dramatique que jouissive par l'entrée en matière de la matière elle-même.
De la triple contrainte : celle de la toile elle-même (qui impose par chacun de ses formats une trame particulière), celle de la matière et de ses pigments et enfin celle d'une nécessité " interne " de l'artiste, " modeleur " inconscient - ce qui n 'induit pas un manque de conscience ) mais modeleur tout de même, Proweller donne SA réponse à la peinture, c'est prouver (en acte) qu'elle a quelque chose d'intéressant à montrer.
L'artiste a remis son temps (et ceux qui lui succèdent) dans la nécessaire croyance à la peinture, une croyance qui pulvérise une certaine continuité du discours sur la peinture qui voudrait faire croire qu'elle ne peut pas continuer, qu'elle devient imperceptible ou qu'elle n'existe plus. Ignorer la peinture c'est en effet risquer de la voir resurgir où on ne l'attendait pas : dans un espace laqué par Proweller qui semble la dénoncer mais qui se remet à la faire fonctionner.
Nous avons vu là une oeuvre, qui n'a pas laissé indifférent, certains n'auront "pas accroché"… d'autres y auront trouvé cette note d'humour et tous ses clins d'oeil coquins !
Quelques témoignages recueillis des personnes m'accompagnant pour cette visite:
- Très intéressant de décrypter ces oeuvres quelque peu "rigolotes". Ma préférée est celle au bracelet
- C'était un bien bel homme que ce peintre là, atypique oui, certains de ces tableaux présentent (pour moi) des couleurs lumineuses, eh oui même ses "noirs".
- Ah! Et un peintre atypique de plus !! J'ai bien aimé son humour et ses petits clins d'oeil multiples .
- Je n'ai pas trop accroché, sauf les œuvres de ses débuts qui m'ont un peu plus "parlé".
À découvrir à la galerie du Centre d'Art Contemporain d'Eysines
Domaine de Lescombes
198 avenue du Taillan
33320 Eysines
tél : 05 56 28 69 05
Renseignements complémentaires au service culturel de la ville d’Eysines
au 05 56 16 18
Photos de l’expo: Florence Mayer. (sauf portrait de Proweller)